En Hongrie, le régime controversé de Viktor Orban utilise les médias publics pour permettre à son discours nationaliste, non dénué de réflexes xénophobes, d'imprégner la population. Dans le nord de notre pays, nous avons maintenant un Gouvernement flamand qui veut impliquer l'émetteur public VRT dans un projet nationaliste qui ne laisse pas suffisamment de place au fait que nous sommes belges et que nous vivons dans un pays appelé Belgique. La radio-télévision publique est là pour tout le monde, et pas seulement pour ceux qui sont obsédés par le nationalisme flamand, la rhétorique identitaire et le séparatisme.

Les informations parues dans divers médias montrent que le Gouvernement flamand (N-VA, CD&V, Open VLD) veut réduire les moyens financier de la VRT et lui imposer chaque année la diffusion d'"au moins dix événements, moments de commémoration ou initiatives dans le domaine de l'identité et de la culture flamandes". Cette intention constitue une atteinte grave à l'autonomie éditoriale d'un émetteur public financé par l'ensemble des contribuables, et pas seulement par les adeptes du discours nationaliste flamand.

Dans le projet de contrat de gestion de la VRT qui est maintenant sur la table, les mots "flamand" ou "Flandre" sont utilisés plus de 190 fois. La radiodiffusion publique semble devoir être subordonnée à un discours identitaire flamand et devrait renforcer le lien culturel avec les Pays-Bas. Le radiodiffuseur public belge de langue française, la RTBF, est mentionné une fois. La Belgique n'est pas mentionnée du tout.

Discours nationaliste indésirable

Il ne nous vient pas à l'esprit de rejeter la coopération entre les radiodiffuseurs publics néerlandophones. Il n'est pas non plus un problème que la VRT prête attention à la Flandre et à l'identité flamande. Mais lorsque la Belgique et l'identité belge ne sont pas abordées de manière honnête ou sont carrément passées sous silence, cela trahit un programme politique unilatéral et partisan. Imposer un diktat de la politique pour mettre en avant une identité particulière, en l'occurrence celle des Flamands, tout en ignorant complètement l'autre ou les autres, n'est pas du tout acceptable à nos yeux. 

Si les téléspectateurs et auditeurs néerlandophones de Belgique ont demandé en masse un radiodiffuseur public imprégné de nationalisme et ne servant que le programme de certains partis politiques, cela nous a complètement échappé. Cette conception du service public est née des services d'études et des idéologues de parti, indépendamment de ce que les citoyens veulent ou désirent réellement.

Il est à nos yeux inacceptable que la radiodiffusion publique néerlandophone de ce pays soit instrumentalisée à des fins idéologiques. Cette forme d'ingérence politique est inacceptable et destructrice. La mission de la radiodiffusion publique est de servir tous les téléspectateurs et auditeurs, et pas seulement une partie d'entre eux. La tâche de l'émetteur public est de rendre compte de l'actualité de l'ensemble de notre pays, et non pas seulement d'une partie de celui-ci.

Informations sur l'ensemble de la Belgique

Il est selon nous également du devoir de tout émetteur public en Belgique de faire des reportages sérieux sur notre pays, d'Arlon à Ostende. Il devrait également être logique que la VRT coopère de manière intensive et permanente avec son homologue francophone, la RTBF. Plus encore, il serait opportun qu'ils réalisent et diffusent souvent des programmes et des émissions ensemble et que le plus grand nombre possible de programmes soient disponibles en sous-titrage afin qu'ils deviennent accessibles à tous les Belges, qu'ils parlent le néerlandais, le français ou l'allemand. Avec la technologie actuelle, une telle chose est parfaitement réalisable, pour autant qu'il y ait une volonté politique  des investissements cohérents en ce sens.

Approche sérieuse

Si certains des partis politiques néerlandophones pensent que la VRT peut tout faire pour promouvoir un programme nationaliste, voire séparatiste, nous disons non. Ce n'est pas pour cela que les téléspectateurs et les auditeurs paient des impôts. Ils ne paient pas non plus pour un émetteur public qui passe sous silence ou minimise la Belgique et son identité et qui doit brandir des étiquettes flamandes partout, sous la pression des politiciens. Ce n'est ni sérieux ni souhaitable.

Nous réclamons une radio-télévision publique qui s'adresse à tous les auditeurs et téléspectateurs néerlandophones de manière correcte et intègre, qui reconnaît notre identité belge et qui s'efforce également d'enthousiasmer le public du reste de la Belgique pour la langue et la culture d'une partie de sa population.