À l'initiative de B Plus, les signataires lancent un appel à la classe politique. Ils craignent qu'un projet séparatiste ou confédéraliste paralyse le processus de formation du prochain gouvernement sans offrir aux électeurs une alternative claire. Dans le même temps, une grande majorité des Flamands aspire à des gouvernements fonctionnant bien, travaillant de manière loyale au sein de la structure étatique fédérale. Ils appellent tous les partis à prendre position, et sont convaincus que la Flandre n'a pas d'avenir en dehors d'une Belgique fédérale solide.

Le 11 juillet, comme un rituel annuel, d'aucuns ont proclamé que l'impatience des "Flamands" grandirait. Après les prochaines élections, le confédéralisme devrait être mis en place, car il ne serait plus possible de faire fonctionner le niveau fédéral, et tout resterait bloqué. Nous comprenons que cette idée exerce un certain attrait, surtout pour ceux qui en ont assez des querelles entre les partis politiques et de leur président. Les gens n'ont pas besoin de politiciens qui se disputent, mais d'une gouvernance efficace et de partis qui cherchent la coopération plutôt que la polarisation, surtout en ces temps-ci.

À défaut, le message simpliste d'un populisme creux ou de l'adage nationaliste flamand "Ce que nous faisons nous-mêmes, nous le faisons mieux" pourrait trouver écho auprès de la population. Dans le même temps, une grande majorité des électeurs flamands sont attachés à la Belgique fédérale, et les Flamands sont suffisamment réalistes pour se rendre compte que les querelles communautaires constantes ne mènent nulle part. En effet, le discours destructeur des populistes qui cadrent chaque problème dans une perspective communautaire ne fait qu'aggraver les problèmes réels auxquels notre pays est confronté, au lieu de les aborder de manière constructive.

Indépendamment du fait que ce pays siamois est presque impossible à diviser, les divergences ont beaucoup plus à voir avec des différences de vision classiques en matière de politique socio-économique qu'avec un fossé culturel insurmontable. Il y a sans aucun doute beaucoup plus de consensus sur certains fondements de notre État-providence fédéral que ce que les fossoyeurs de la Belgique veulent nous faire croire.

Un de ces fondements est notre sécurité sociale fédérale et notre système fiscal progressif, qui redistribuent la prospérité jusqu'à un certain point et rendent notre société plus inclusive. La Belgique est loin d'être parfaite, mais des opportunités sont créées pour presque tout le monde, et la plupart des gens peuvent développer leurs talents, ce qui renforce et rend notre société plus résiliente.

Une sécurité sociale solide est l'épine dorsale de la Belgique fédérale. Plus le groupe de population qui contribue à ce système est important, plus le système est fort, car les risques peuvent être répartis plus largement. Actuellement, la Flandre bénéficie d'un flux financier en provenance de Bruxelles et de la Wallonie pour financer les coûts du vieillissement, car les Flamands vivent en moyenne plus longtemps que les Wallons ou les Bruxellois, et Bruxelles a une population très jeune.

L'autonomie régionale n'est pas mauvaise du tout, mais nous croyons également que la valeur ajoutée du projet collectif belge ne doit pas être négligée. Cette valeur ajoutée est toujours présente. Sans la Belgique, la voix de la Flandre résonnerait beaucoup plus faiblement en Europe et dans le monde.

Ce sont surtout les partis non-nationalistes qui doivent exprimer clairement leur vision de l'avenir de la Belgique. Il y a suffisamment d'attention portée au séparatisme et au confédéralisme. Mais où sont les projets inspirants pour l'avenir de notre pays ? Le manque de ceux-ci est néfaste, surtout maintenant que l'avenir de la Belgique, qu'on le veuille ou non, deviendra l'un des points centraux de la formation du gouvernement. En janvier 2023, les partenaires sociaux flamands ont montré la voie en appelant tous les gouvernements de ce pays à une collaboration constructive et loyale. En revanche, un vote pour un parti nationaliste flamand est de facto un vote qui sapera le bon fonctionnement de la Belgique fédérale.

Plus de cinquante ans après la première réforme de l'État, le temps du jeu est révolu. Le citoyen qui ne croit pas en cette indépendance plus ou moins mythique, après laquelle certains prétendent que la prospérité nous tomberait du ciel, a droit à une alternative claire.

 

Tony Van de Calseyde, Président B  Plus
Renaat Hanssens, membre du conseil provincial du CD&V Anvers

 

Cosignataires:

Benno Barnard, écrivain

Bart Van Loo, écrivain

Marc Leemans, président ACV (syndicat chrétien)

Mia De Vits, ancien président ABVV (syndicat socialiste)

Paul Callewaert, secrétaire général Solidaris

Emmanuel van Innis, ancien président BECI

Mario Van Essche, président Humanistisch Verbond

Freddy Willockx, ministre d'État

Mark Eyskens, minitre d'État, ancien premier ministre

Guy Vanhengel, premier vice-président du Parlement bruxellois, ancien ministre (Open VLD)

Tim Vandenput, député fédéral (Open VLD)

Dirk Van der Maelen, vice-président honoraire de la Chambre des représentants (Vooruit)

Ludwig Vandenhove, membre du Parlement flamand (Vooruit)

Mieke Vogels, ancien ministre, membre honoraire du Parlement flamand

Lotte Stoops, membre du Parlement bruxellois (Groen)

Bertrand Waucquez, bourgmestre de Craainhem

Reginald Moreels, ancien ministre, chirurgien humanitaire

Nadia Nsayi, auteur

Marc Van Ranst, professeur KULeuven, virologue

Piet Hoebeke, professeur UGent, urologue

Rudy Aernoudt, professeur UGent

Tony Mary, administrateur de sociétés

Pascal Mallien, avocat

Jan Braeckmans, avocat

Jef Neve, pianiste, compositeur

Max Temmerman, poète, écrivain

Yves Petry, écrivain

Vital "Vitalski" Baeken - Vitalski, écrivain et interprète

Geert van Istendael, écrivain

Daan Stuyven, chanteur

Katrien Bodson, gérant Ons Erfgoed