Tout commence par l’éducation. L’éducation, c’est l’entrée dans la vie et la rencontre des savoirs ; c’est l’ouverture aux autres et au monde. La citoyenneté, de son côté, constitue le cœur battant de la démocratie, son principe directeur.

Depuis plus de vingt ans, et encore aujourd’hui alors que certains gestes (insuffisants à mes yeux) ont été posés, notamment la mise en place d’un cours spécifique d’une à deux heures par semaine dans les écoles de l’enseignement officiel en Communauté française, je ne cesse d’appeler à une formation citoyenne authentique et ouverte ; audacieuse et bien comprise.

Je m’y emploie avec patience, constance, cohérence, et dans une relative indifférence politique et médiatique – ceci à tous les niveaux de pouvoir, dans tous les contextes.

Se familiariser avec la démocratie

Mon engagement pour la citoyenneté repose sur un constat simple : on ne peut aimer ni défendre ce qu’on ne connait pas. Concrètement, proposer un cours d’apprentissage à la citoyenneté, c’est aider les jeunes générations à se familiariser avec le système démocratique pour en apprivoiser les rouages et la complexité. C’est aussi permettre à chacune et à chacun de se reconnaître comme partie prenante d’un État et d’institutions politiques qui appartiennent à tous.

Aujourd’hui comme hier, nous devons apporter aux enfants et aux adolescents – donc aux adultes qu’ils seront demain – les outils pour établir un dialogue constructif entre les citoyens qu’ils sont (ou du moins qu’ils façonnent en eux) et l’État qui régit leurs droits et leurs devoirs. Au-delà de la volonté et du droit de choisir, donnons à toutes et tous la capacité de choisir librement, c’est-à-dire avec audace, créativité, bienveillance.

Former à la citoyenneté : la démarche n’est jamais accessoire, secondaire ni incidente, pas plus qu’elle ne devrait être optionnelle dans l’espace scolaire ! Mon ambition est claire : rassembler les jeunes et les moins jeunes autour de sa pratique consciente et concrète.

Pourquoi apprendre la citoyenneté ?

  • Parce que la connaissance de nos droits est le seul moyen d’y avoir accès.
  • Parce qu’il faut apprendre à reconnaitre et à respecter les droits des autres.
  • Parce que ce bagage commun permet de promouvoir l’égalité.
  • Parce que la pratique de la démocratie est un puissant facteur d’intégration.
  • Parce qu’il importe d’exercer ses droits pour les faire exister.
  • Parce que la sauvegarde de la démocratie appelle la vigilance de toutes et tous.
  • Parce que la démocratie est aussi un ensemble de devoirs.
  • Parce qu’elle ne vit qu’à travers nos actes et nos pratiques.

Un combat politique

Nous le voyons, les raisons qui président à la mise en œuvre d’une formation citoyenne en bonne et due forme sont plurielles. Ceci dit, elles convergent toutes vers une nécessité politique première qui, selon moi, consiste à lutter tout à la fois :

  • contre le rejet de la chose publique ;
  • contre les aspirations destructrices promues par certains ;
  • contre la montée de tous les extrémismes, tous les racismes, tous les fascismes ;
  • contre la haine de l’Autre, l’étranger, le nouveau venu, en ce qu’il diffère de la majorité par ses convictions philosophiques, ses croyances religieuses, ses coutumes, sa langue ou sa couleur de peau ;
  • contre l’indifférence complice qui consiste à fermer les yeux face à l’intolérable.

Enseigner la citoyenneté, c’est donc outiller les esprits en préparant chaque adulte en devenir à la vie sociale et politique. C’est donner à chacune et à chacune les moyens d’affirmer la légitimité de sa parole et de ses idées, tout en respectant celles des autres. Le libre examen qui nous est cher est ici !

Réactiver les valeurs citoyennes

Lorsque la citoyenneté fait défaut, les Fake news, relayées par les réseaux sociaux et alimentées par la com’ pour la com’, trouvent un terrain favorable à leur diffusion et peuvent entreprendre leur travail de sape. En effet, quand on ne comprend pas quelque chose, forte est la tentation de vouloir la détruire et de s’en remettre aux prêts-à-penser, aux opinions faciles, aux raccourcis et aux caricatures.

En réactivant les valeurs citoyennes par la mise en place d’une formation généralisée et nourrie d’exemples pratiques, il m’apparait possible, en 1997 (date de ma première proposition) comme aujourd’hui, de participer concrètement à la qualité de nos démocraties. À l’heure où les résultats électoraux en France, en Suède, en Italie… témoignent d’une dangereuse ascension de l’extrême droite, l’enjeu est plus que jamais crucial !

On ne construit pas un État par le sommet. Au contraire, il faut l’asseoir sur des bases stables et solides, mieux, des bases solidaires. Tout compte fait, c’est la somme des qualités individuelles, la maturité sociopolitique et le bel esprit d’Humanité qui peuvent donner à nos sociétés les moyens de s’accomplir à travers l’exercice responsable de nos libertés authentiques.