Ce fut une Fête flamande assez animée. Le premier ministre De Croo a involontairement provoqué une certaine agitation parce qu'il s'est tu lorsque le "Vlaamse Leeuw" a été entonné à l'hôtel de ville de Bruxelles. Mais cela n'a rien à voir avec un manque de respect et ne fait pas de lui un moins bon Flamand. Les nationalistes flamands qui se sentent lésés par cette situation devraient d'abord balayer devant leur propre porte. L'image de la Flandre a besoin d'être améliorée de toute urgence.

Nous avons eu une Fête de la Communauté flamande assez agitée. Ce n'est pas une allusion aux traditionnels discours de nombreux politiciens nationalistes qui ont saisi l'occasion pour revendiquer avec force une plus grande autonomie flamande. Je fais référence à l'agitation qui a eu lieu parce que le premier ministre Alexander De Croo n'a pas chanté le Vlaamse Leeuw lors de la cérémonie annuelle à l'hôtel de ville de Bruxelles. Une foule de nationalistes flamands s'est apparemment sentie lésée par cette situation et s'est fait entendre à gorge déployée. Il faut dire aussi qu'un certain nombre de médias n'ont pas été en reste. Quoi qu'il en soit, le nationalisme flamand victimaire semble être de retour, après n'avoir peut-être jamais vraiment disparu. L'occasion a été saisie pour présenter le premier ministre comme un "mauvais Flamand". Si selon certains, son attitude relevait du manque de respect, ceci n'a cependant rien à voir.

Pas moins flamand

Le fait que le premier ministre ne chante pas le Vlaamse Leeuw ne le rend pas moins "flamand" pour autant. À moins que l'on ne considère que l'on ne peut être Flamand qu'à condition de se mettre immédiatement à chanter l'hymne flamand avec tout le symbolisme qui l'accompagne. Dans ce cas, à part une poignée de Flamands invétérés qui participent chaque année au Festival national de la chanson flamande, il n'y a pas beaucoup de vrais Flamands. Tout comme il n'y aurait pas beaucoup de Belges, car seule une petite minorité peut facilement chanter l'hymne national.

Il est bien sûr difficile de juger si la véritable raison pour laquelle le premier ministre a gardé le silence est qu'il est un mauvais chanteur, comme il l'a lui-même déclaré. À sa place, j'aurais probablement gardé le silence pour une autre raison. Notamment parce que je n'aurais pas voulu donner l'impression qu'en tant que premier ministre fédéral, je soutenais toutes les demandes institutionnelles que Liesbeth Homans (N-VA), présidente du Parlement flamand, avait intégrées dans son discours. Cela n'a donc rien à voir avec un manque de respect pour la Flandre. 

Respect des symboles de l'autre

Ceux qui accusent les autres d'avoir trop peu de respect pour les symboles flamands devraient peut-être d'abord faire leur propre examen de conscience. Car n'est-ce pas la même Liesbeth Homans qui, lors de son entrée en fonction il y a trois ans, avait qualifié le drapeau belge de "chiffon" ? Le président des Jeunes-N-VA, Jeroen Bergers, ex-Schild & Vrienden, essuyait quant à lui une table avec le drapeau belge dans une vidéo de campagne réalisée il y a quelques mois, avant d'utiliser ce même drapeau comme paillasson. De plus, il ne prétend pas s'engager à ne pas répéter ces gestes peu sympathiques. Quiconque demande le respect de ses propres symboles devrait peut-être d'abord faire preuve de respect pour les symboles des autres. Malheureusement, pour certaines personnes, cela semble être beaucoup demander.

La collaboration, une tache sur l'image de la Flandre

Les nationalistes flamands qui se sentent lésés par tout cela devraient peut-être se demander pourquoi certains des Flamands pourtant authentiques tournent explicitement le dos à la Flandre et à tout ce qui est flamand. Pourquoi certaines personnes ne peuvent plus se résoudre à dire qu'elles sont flamande". Dans de nombreux cas, il s'agit encore des excès liés au passé collaborationniste. Aujourd'hui encore, de nombreux nationalistes flamands ont du mal à s'en détacher. Et je ne parle pas seulement de la base. Parce que de nombreuses photos ont aussi été publiées sur les médias sociaux de belgicistes qui ont profité de la Fête flamande pour faire toutes sortes de choses peu glorieuses avec des drapeaux flamands. Non, dans ce cas, je parle de mandataires et d'autorités publiques.

Cela n'aide pas quand une édition spéciale de Newsweek consacrée l'année dernière aux 50 ans du Parlement flamand inclut deux collaborateurs notoires comme August Borms et Staf De Clercq dans la galerie d'honneur des personnes ayant contribué à l'émancipation flamande. En outre, il a fallu beaucoup d'efforts pour que la présidente Homans se rende compte que c'était une erreur et qu'une correction était nécessaire. Dans un premier temps, l'article du journaliste Marc Reynebeau, qui a tiré sonné l'alarme, a été qualifié de tendancieux et d'historiquement incorrect.

Plus récemment encore, une page web officielle de la ville d'Anvers a fait l'objet d'une polémique parce qu'elle faisait référence sans critique à August Borms, encore lui, et à la "Bormshuis", qui a été érigée en musée. À ce jour, ils refusent encore de mentionner quoi que ce soit sur le passé collaborationniste bien rempli de l'homme, au motif de rester "neutres".  Le bourgmestre du district de Merskems, Luc Bungeneers (N-VA), a quant à lui préféré éviter un débat sur la personne de Borms suite au vandalisme sur sa tombe, car de nombreux électeurs du Vlaams Belang ont voté pour lui et qu'il il préfère donc éviter la confrontation.

Ce sont des choses qui ne s'expliquent pas et qui entachent l'image de toute la Flandre. Les nationalistes veulent à juste titre le respect des symboles flamands. Soit. Mais qu'ils mettent d'abord de l'ordre dans leur propre maison. Si la Flandre veut gagner des âmes, également auprès des Flamands modérés, c'est une amère nécessité.