Par la voix de son président Paul Magnette, le Parti socialiste (PS) a annoncé être prêt à apporter les voix nécessaires à la majorité fédérale pour réviser la Constitution afin d’abolir le Sénat. Le PS soumet toutefois sa collaboration à la condition d’insérer également dans la Constitution un droit à l’avortement. B Plus déplore que le PS et son président empruntent la voie d’un tel marchandage entre deux dossiers que rien ne devrait lier entre eux. B Plus est particulièrement déçu par l’attitude de M. Magnette, lauréat de son Prix du courage politique en 2010 et dont on pouvait plutôt espérer qu’il exige l’introduction d’une circonscription fédérale en échange de son soutien.

Matières institutionnelles et matières éthiques

Il est d’assez vieille tradition en Belgique que les débats éthiques fassent l’objet de discussions distinctes entre partis de la majorité gouvernementale et de l’opposition. C’est ainsi que la première dépénalisation partielle de l’avortement a été réalisée par une majorité alternative, sans mettre trop à mal la coalition au pouvoir. Le projet du gouvernement « Arizona » d’abolir le Sénat n’est pas un dossier éthique, mais un dossier institutionnel. Que le PS, dont les voix sont nécessaires à une telle révision constitutionnelle, soumette sa participation à des conditions est de bonne guerre. Il est légitime qu’un parti d’opposition sollicité par la majorité en profite pour faire accepter des éléments de son propre programme. Mêler deux domaines aussi distincts que l’institutionnel et l’éthique est en revanche très contestable et risque surtout de bloquer les deux dossiers. 

Circonscription fédérale

Plutôt que de jeter dans le débat la constitutionnalisation d’un droit à l’avortement, le PS aurait pu conditionner son soutien à l’abolition du Sénat à un autre dossier institutionnel : l’introduction d’une circonscription fédérale dans laquelle seraient élus 15 membres de la Chambre des représentants. Cette circonscription fédérale figurait en toutes lettres dans le programme électoral du PS en 2024 (p. 991) et aurait constitué une réelle contrepartie à l’abolition du Sénat. Elle trouve son origine dans les travaux du Groupe Pavia, dont M. Magnette est membre (voir : Members · Groupe Pavia-Groep).

Il est très regrettable que le PS choisisse ainsi de mêler au débat institutionnel une question éthique aussi sensible que l’avortement plutôt que d’adopter une position constructive sur le plan institutionnel lui-même. Le projet d’abolition du Sénat – aussi contestable soit-il – constituait pourtant une occasion en or pour ce parti de forcer enfin le débat sur la circonscription fédérale. C’est, au mieux, une nouvelle occasion manquée voire, au pire, la démonstration que le PS a simplement menti aux électeurs en inscrivant la circonscription fédérale dans son programme.

Prix du Courage politique 

B Plus est particulièrement déçu de l’attitude du président du PS dans ce dossier. M. Magnette a en effet reçu son Prix du Courage politique en 2010 pour sa propension à s’exprimer de manière constructive dans les médias néerlandophones et sa volonté de créer des liens entre les différentes communautés du pays. La manière dont le président du PS abandonne aujourd’hui les éléments du programme de son parti qui pourraient réellement améliorer notre système fédéral ne peut que nous décevoir amèrement.