Le président du parti libéral flamand OpenVLD a accordé une interview exclusive à B Plus.
Qu’évoque pour vous la Belgique ?
Je pense que les Belges se reconnaissent encore et toujours à l’étranger. Aussi bien dans le nord que dans le sud, nous avons une culture et une façon de vivre communes, un style de vie bourguignon que nous retrouvons aussi bien dans le nord que dans le sud. Les Belges sont des bons-vivants.
Ce qui est aussi profondément ancré dans notre culture est, qu’au fond, nous nous méfions du gouvernement. Il s’agit à vrai dire d’une forme saine de méfiance, qui est liée au fait que nous vivons dans une région qui à travers les siècles, a constamment été occupée par des grandes puissances étrangères. Cette forme de méfiance a donc perduré après la création de l'État Belge en 1830.
Cependant, nous sommes des personnes très modérées. Je trouve qu’en Belgique, nous avons quand même peu de positions radicales. Il y a bel et bien des tendances politiques radicales mais les personnes qui votent pour ces dernières ne le font pas souvent de bon cœur.
Les Belges sont aussi très conciliants. Nous assumons ce rôle au centre de l’Europe. Parce que nous sommes à la frontière de différentes cultures et sphères d’influence, nous arrivons à nous identifier avec différents éléments de diverses cultures. La culture belge est ainsi un peu multiple dans son identité : un pays dans lequel tout un chacun peut vivre tranquillement son identité. Ceci est profondément ancré dans la culture bourguignonne et est selon moi, typiquement belge.
La culture belge est également une expérience qui, à l’heure actuelle, se vit souvent dans des évènements sportifs et culturels dans lesquels la communauté belge s’y retrouve.
Malheureusement, on voit que les 30 dernières années, depuis la commercialisation des médias, que ces liens ont diminué. Plus ces liens s’affaiblissent, plus il est difficile de se retrouver dans notre pays.
On voit des jeunes gens qui ne comprennent pas bien pourquoi notre pays est en fait si compliqué et qui se demandent pourquoi cela ne peut pas être plus simple.
Pourtant, ces dernières années, sur ce point, je vois une sorte de renaissance dans laquelle de plus en plus de gens essayent à nouveau d’apprendre à connaître les autres. Nous sentons qu’autrement, nous allons être dans une impasse. On voit des jeunes gens qui ne comprennent pas bien pourquoi notre pays est en fait si compliqué et qui se demandent pourquoi cela ne peut pas être plus simple.
La Covid a aussi été un traumatisme chez beaucoup qui se sont demandés pourquoi nous avons autant de ministres de la santé. Les gens savent que la plupart des décisions ont alors été prises pour tout le pays. On remarque donc bien maintenant que les gens ne pensent plus que tout doit forcément se passer au niveau régional. Ils réalisent que nous allons aussi devoir travailler ensemble.
C’est nouveau pour moi. Je suis la politique de manière intensive depuis 20 ans et souvent, on se retrouvait seul avec ce genre de message. Ces derniers temps, malgré le fait que les partis séparatistes se portent bien en Flandre, ce message pour plus de collaboration s’intensifie.
En Flandre, l’appel à plus d’autonomie régionale est fort. Est-ce que l’identité flamande et l’identité belge sont opposées ou pensez-vous au contraire que les identités régionale et fédérale vont de pair et que l’équilibre entre les deux peut aider à renforcer la cohésion au niveau fédéral ?
Selon moi, l’un n’exclut pas l’autre, j’en suis convaincu. Je suis partisan d’une autorité fédérale plus forte mais je suis quand même d’avis que certaines compétences conviennent mieux aux régions.
Les grandes différences que nous voyons entre les régions concernent souvent des thématiques socio-économiques. Cela a avoir avec les différentes réalités avec lesquelles les gens de ces régions sont confrontées. Les divergences d‘avis en matière socio-économique ne font pas forcément des gens des séparatistes. Ce ne sont pas non plus une raison pour voter pour un parti nationaliste flamand.
Avec l’Open VLD, nous plaidons pour un niveau fédéral qui remplit un rôle d’arbitre en concertation avec les autres entités.
Par exemple, je n’ai aucun problème avec le fait de donner plus d’autonomie au niveau de la politique de l’emploi et de la fiscalité. Ce qui nous manque vraiment dans notre pays, c’est de la coordination. Si nous n’assurons pas plus de coordination, le pays risque de se retrouver dans une impasse. Lors d’une prochaine réforme de l’État, ce sera le plus important. Avec l’Open VLD, nous plaidons pour un niveau fédéral qui remplit un rôle d’arbitre en concertation avec les autres entités. Cela concernerait des affaires telles que les accords internationaux et les importantes infrastructures publiques que nous devons construire et entretenir. Ainsi, nous évitons que les différentes entités soient en concurrence entre elles et qu’elles ne s’en sortent pas en cas d’avis divergent. Le gouvernement fédéral doit alors pouvoir imposer un cadre.
Si nous ne faisons pas cela, nous ne pourrons, à terme, plus prendre de décisions, ce qui serait néfaste pour notre pays et notre démocratie. Ce qui pourrait alors se passer est que les gens ne croient plus en la démocratie parlementaire et voteraient alors pour des partis extrémistes. Cela pourrait signifier la fin du pays.
Cela provoquerait aussi une période de longue instabilité avec une grande perte de richesses pour tout le monde. C’est pourquoi il est pour moi vraiment fondamental que le niveau fédéral devienne beaucoup plus efficace. Un gouvernement plus efficace va d’ailleurs aussi de pair avec un financement correct du niveau fédéral afin que des tâches essentielles et cruciales telles que la sécurité, la justice, la police et la sécurité sociale puissent continuer bien à fonctionner. Aujourd’hui, notre gouvernement a très peu de marge pour bien effectuer ces tâches essentielles.
Le renforcement de l'autorité fédérale doit donc aller de pair avec plus d’autonomie régionale. Pour moi, l’un n’exclut pas l’autre.
Sous la présidence de Gwendolyn Rutten, l’Open VLD a signé le Pacte pour la Belgique de B Plus. Pouvons-nous encore dire que sous votre présidence l’Open VLD soutient ce Pacte?
Je devrais d’abord le relire, mais sur ce point, notre ligne de parti est quand même assez claire. Notre parti dirige momentanément aussi le pays et c’est le parti du premier ministre.
Ce qui est certainement très clair est qu’en 2024, les différents partis politiques devront faire un certain choix : renoncer à notre pays ou offrir des réponses pour le préserver. Le gouvernement Vivaldi – et certainement notre parti – essaye d'apporter des réponses pour préserver le pays… Enfin , je l’espère. Au sein du gouvernement fédéral, nous n’avons, il est vrai, pas un même avis sur ce que doit être précisément cette réponse.
Si on continue à scinder les matières, celles-ci menacent au final de devenir totalement ingérables.
En ce qui concerne l’Open VLD, nos contacts avec le MR se sont intensifiés. Nous remarquons que si on continue à scinder les matières, celles-ci menacent au final de devenir totalement ingérables. C’est pourquoi nous voulons , à nouveau, renforcer les liens entre libéraux et donc être présents de l’autre côté de la frontière linguistique. Je vais moi-même régulièrement à la RTBF et sur RTL ; Georges-Louis Bouchez (MR), lui va en Flandre.
C’est l’inverse d’autres qui en prévision de 2024 font tout pour prouver que le pays ne peut plus fonctionner. Par contre, nous réalisons que quand on ne se connaît pas, le pays devient ingouvernable. C’est exactement ce que veulent les séparatistes pour justifier leur programme. Nous essayons d’y apporter une réponse.
Nous faisons aussi remarquer qu’il n’est pas possible de scinder le pays juste comme cela. Nous ne pouvons pas prendre de mesures pour un côté du pays sans tenir compte avec l’autre côté. À Bruxelles, il y a quotidiennement des rencontres entre Francophones et Flamands. Nous devons tenir comptes des deux côtés sinon plus rien ne fonctionnera. On aura donc toujours besoin d’un cadre fédéral et de concertation pour s’accorder.
Nous nous engageons à trouver de meilleurs accords au niveau fédéral. Nous voulons à nouveau un cadre opérationnel pour faire fonctionner la fédération. Actuellement, c’est quand même très difficile : nous devons le reconnaître.
Il est crucial que l'autorité fédérale puisse imposer certaines décisions face aux entités fédérées.
Aujourd’hui, nous n’avons pas de hiérarchie des normes. La conséquence est que le fédéral est entravé. Nous avons un manque de coordination. Il est crucial que l'autorité fédérale puisse imposer certaines décisions face aux entités fédérées. Si nous ne faisons pas cela, je crains que nous serons encore très souvent dans l’impasse, ce qui profite aux séparatistes. Ils diront alors qu’il vaut mieux démanteler le pays : c’est d’une logique implacable.
Nous vivons plus que jamais dans une période dans laquelle nos capacités de collaboration à tous les niveaux jouent un rôle crucial pour contrecarrer l’inflation croissante, la crise énergétique et la crise climatique. En Belgique, nous risquons quand même d’être immobilisés à cause des confits d’intérêts entre les différents gouvernements. Vous faisiez justement part de votre souhait que le gouvernement fédéral prenne le rôle d’arbitre pour certaines compétences, que le gouvernement fédéral tranche quand les entités fédérées ne s’en sortent pas. Souhaiteriez-vous aussi refédéraliser certaines compétences pour avoir un gouvernement encore plus efficace ?
Il y a de petites choses qui peuvent être refédéralisées. Nous devons surtout faire disparaître certaines situations absurdes : je pense par exemple, à la vliegwet (loi sur le survol de Bruxelles) car ce n’est pas possible que les normes diffèrent tant entre les différentes régions. Ramener les gros dossiers au fédéral, je n’y crois cependant pas vraiment.
Je crois par contre, que les compétences que l’on a doivent être mieux coordonnées. Quand nous nous rendons à sommet sur le climat à Glasgow et qu’entre nous, nous n’arrivons pas à aboutir à un accord et à répartir les efforts nécessaires, c’est parce que tout le monde ne voit que son propre intérêt. Je trouve que le gouvernement fédéral doit alors pouvoir décider quels points de vue nous adoptons en tant qu'État. La même chose vaut pour l’énergie, qui est en partie fédérale et en partie régionale. Cela suscite une atmosphère de compétition entre les entités fédérées par rapport au gouvernement fédéral. C’est catastrophique, cela a des conséquences néfastes pour tout le monde.
Donc, selon moi nous pouvons refédéraliser de manière limitée, principalement pour des dossiers plus petits mais qui garantiraient un meilleur équilibre dans notre pays. La priorité est cependant de faire en sorte que le gouvernement fédéral puisse jouer un plus grand rôle de coordination.
Je ne crois pas au discours des séparatistes. Penser que tout irait mieux si on scindait le pays est erroné.
Pensez-vous que la refédéralisation de compétences différentes, plus petites, pourraient être soutenue par d’autres partis ?
D’un point de vue libéral, je suis pour une efficacité maximale. Je veux que le contribuable en ait autant que possible pour ses impôts. C’est pourquoi je ne crois pas au discours des séparatistes. Penser que tout irait mieux si on scindait le pays est erroné.
La scission conduirait à une longue période d’instabilité et une diminution importante de la prospérité. De plus, nous sommes culturellement liés les uns aux autres et cela génère une grande partie de notre richesse : à Bruxelles, les Francophones et les Flamands qui s’y rassemblent génèrent 20% de notre richesse et cela est indispensable. Donc sachant que la Belgique va continuer à exister, nous devons faire en sorte de créer un pays aussi efficace que possible.
C’est vrai que la régionalisation offre ici et là des avantages. Actuellement, nous pratiquons plus la « politique du moule à gaufres » et c’est une bonne chose. Mais le régionalisme entraîne aussi des effets négatifs tels que le manque de collaboration et de cohésion. Si l'on attribue un grand rôle de coordination au gouvernement fédéral, on évite les conséquences négatives du régionalisme.
Nous pouvons ainsi aussi puiser notre inspiration dans d’autres modèles. Dans le fédéralisme allemand, il y a un « Bundesrat » qui rassemble les entités fédérées pour prendre des décisions ensemble. Ce « Bundesrat » fait en sorte qu’il existe une certaine coordination entre les différentes entités sinon on ne sait pas travailler ensemble.
Le manque actuel de collaboration joue en faveur des séparatistes. Ils veulent justement que l'autorité fédérale ne fonctionne pas. Ils veulent monter tout le monde les uns contre les autres pour alors, pouvoir dire qu’on ferait mieux de scinder parce que le niveau fédéral ne fonctionne pas. Au sein de l’Open VLD, nous nous opposons radicalement à cela.
Pensez-vous que l’Open VLD peut compter sur le soutien d’autres partis pour laisser prendre au gouvernement fédéral ce rôle de coordination ?
Ceci est selon moi plus réalisable que refédéraliser certaines matières car tout le monde sent bien que certaines décisions ne peuvent plus être prises par manque de collaboration.
Ce qui est bizarre est que pendant la covid, nous avions justement plus de collaboration. Nous avions un comité de concertation qui donnait au gouvernement fédéral un cadre juridique pour avoir le dernier mot, même pour des compétences communautaires. Cela s’est passé sur base d’un besoin crucial de collaboration au niveau de la santé publique et la sécurité publique. C’était seulement possible à ce moment-là. Le gouvernement fédéral ne peut pas faire cela tout le temps.
Et on a remarqué que c’était logique de laisser le gouvernement fédéral décider. Même un parti séparatiste comme la N-VA l’avait accepté à cette époque. C’était un précédent. Notre proposition est de généraliser cela.
Je pense que pour cela nous pourrions trouver un consensus à l’intérieur de la Vivaldi.
On pourrait par exemple introduire une circonscription fédérale pour 20 des 150 sièges de la Chambre des représentants. Par ailleurs, nous proposons que le futur premier ministre soit élu dans cette circonscription.
Vous l’avez déjà dit vous-même, quand règne le sentiment d’un manque de légitimité démocratique, les gens votent plus vite pour les extrêmes. Nous l’avons encore vu en 2019. Un phénomène plus ancien est que certains critiquent les ministres fédéraux qui selon eux, ne représentent pas l’électeur (flamand). Pensez-vous que l’introduction d’une circonscription fédérale puisse contribuer à la création de plus de légitimité démocratique ?
Nous croyons que l’avenir de notre pays comprendra une structure fédérale de l’État avec une autorité fédérale renforcée.
Au sein de l’Open VLD, on a réfléchi longuement sur la possible plus-value d’une circonscription fédérale et nous avons récemment décidé de reprendre cette idée dans notre programme. Nous croyons que l’avenir de notre pays comprendra une structure fédérale de l’État avec une autorité fédérale renforcée. Nous devons donc créer un vrai espace démocratique fédéral .
Aujourd’hui, notre système électoral est essentiellement confédéral. Cela ne marche pas à cause d’un manque de dialogue public entre les différentes parties du pays. Nous devons faire en sorte de créer un support pour les candidats qui se présentent au fédéral.
On pourrait par exemple introduire une circonscription fédérale pour 20 des 150 sièges de la Chambre des représentants. Par ailleurs, nous proposons que le futur premier ministre soit élu dans cette circonscription. En outre, les familles politiques pourraient déposer une liste commune, bien que cela ne serait pas obligatoire.
Nous souhaitons que le candidat le plus populaire qui aurait été élu dans la circonscription fédérale ait un mois pour former un gouvernement, peu importe de qui il s’agit. Si après un mois, cette personne n’est pas parvenue à former un gouvernement, la seconde personne plus populaire a un mois pour le faire. Cette procédure pourrait être répétée maximum 6 fois. Cela nous donne 6 mois pour former un gouvernement. Si cela ne marche pas, nous retournerions aux urnes après cette période.
On met ainsi les politiciens sous pression pour former un gouvernement en temps utile sans syndrome « Calimero ». On donne ainsi aux 6 candidats les plus populaires à chaque fois une chance de former un gouvernement fédéral. La personne qui arrive à le former serait alors premier ministre.
De plus, ce modèle inciterait les politiciens à se présenter à l’électeur dans tout le pays et y rendre des comptes. Ils seraient ainsi poussés à mener une politique pour tous les Belges.
Actuellement, on a l’impression que les politiciens flamands pensent être élus pour mener une politique pas seulement pour les Flamands mais aussi contre les Francophones, alors que par après, ils doivent quand même aller négocier avec les Francophones. Cela génère des blocages politiques du fait que les différents politiciens ne veulent plus communiquer avec leurs collègues de l’autre côté de la frontière linguistique.
Certains pensent que de plus petits partis auraient moins de chance dans un système avec une circonscription fédérale par manque de moyens. Qu’en pensez-vous ?
Selon moi, ceci ne devrait pas être vraiment un problème. Les dernières élections ont montré que de plus petits partis, tels que le PTB, peuvent prendre de l’ampleur. Lors de la législature précédente, c’était un parti avec un nombre limité de moyens et un nombre limité de sièges au sein de la Chambre des représentants. Maintenant, ce n’est plus le cas. C’était d’ailleurs aussi le cas avec le Vlaams Belang, et avant c’était le cas pour la N-VA.
Chaque parti se trouve devant le défi de présenter un scénario correspondant à l’avis de la majorité de la population dans le contexte d’un moment donné. Il y aussi d’autres éléments comme les médias qui jouent aussi un rôle important. Nos médias restent finalement assez accessibles, aussi pour les avis qui sont moins connus.
Selon moi, le défi consiste plutôt en la mise en avant d’un bon candidat avec un bon message pour tout le pays.
Pensez-vous que d’autres partis politiques sont partisans de l’instauration d’une circonscription fédérale ?
Je pense bien que cette proposition peut compter sur un certain soutien en Flandre.
Ce qu’on remarque, c’est qu’on n’est pas souvent d’accord sur comment ceci doit être mené. Certains se demandent si nous devons instaurer un système de ‘une femme/un homme, une voix’. D’autres pensent que nous devons mettre en place certaines garanties, comme une représentation fixe par groupe linguistique. Il est donc important qu’on mène les discussions nécessaires pour déterminer comment fonctionnerait une circonscription fédérale.
Nous allons avoir un certain clash en 2024 entre les partis qui veulent que la Belgique fonctionne de manière crédible et les autres qui ne le veulent plus. Tous les partis devront annoncer la couleur.
Comme je l’ai déjà dit, je pense que nous allons avoir un certain clash en 2024 entre les partis qui veulent que la Belgique fonctionne de manière crédible et les autres qui ne le veulent plus. Tous les partis devront annoncer la couleur. Ils devront dire de quel côté ils sont. Ceci sera certainement un débat essentiel dans la campagne électorale de 2024.
Pensez-vous qu’on risque en 2024 d’arriver à une situation dans laquelle certains partis prennent le pouvoir et démantèle un peu plus la Belgique ?
Je pense bien que le risque existe et principalement dans le Parlement flamand. Si la N-VA et le VB, les partis séparatistes, atteignent ensemble une majorité, cela peut mener à une sorte de scénario catalan avec beaucoup d’instabilité, insécurité et chaos comme conséquence.
Les partis, et principalement la N-VA dans ce cas très précis, doivent à nouveau annoncer la couleur et faire savoir ce qu’ils feraient si un tel scénario se produisait. Je pense que ce serait presque impossible pour la N-VA de ne pas répondre à une proposition du Vlaams Belang. Bien que Bart De Wever dise qu’il ne veut pas cela, je pense qu’ils y seraient presque forcés. Donc, nous devons aller voir comment les autres partis y réagiraient. Ce scénario provoquerait une longue instabilité, une impasse et une non-gouvernance et cela dans une période dans laquelle nous n’en avons pas vraiment besoin.
En tant que président de l’Open VLD, trouvez-vous que les points de vue des divers partis sont clairs sur l’avenir de la Belgique et les scénarios possibles en 2024 ?
Non, pas toujours. Il est clair que la famille libérale, le MR et l’Open VLD ont choisi de faire fonctionner le pays et que nous sommes prêts à mettre sur la table les propositions nécessaires. Je pense que les verts, Ecolo et Groen, l’ont fait aussi.
Chez les partis socialistes, ils sont un peu moins clairs sur ce point. D’un côté, on a vu que pendant les négociations de 2020, il y avait presqu’un accord entre le PS et la N-VA. Un accord qui donnerait à la Wallonie un paquet d’argent en échange du confédéralisme. De l'autre côté, on a Conner Rousseau qui a quand même des affinités avec Bart De Wever. Donc le rôle des socialistes reste un peu flou.
Puis, on a le CD&V qui qui prête au doute. On a là certaines personnes qui sont des nationalistes flamands, mais ils accordent beaucoup d’importance à la Belgique fédérale.
Donc, il y a encore certains partis pour lesquels, pour moi aussi, les points de vue sont totalement flous. Ceci ne va pas pouvoir durer à l’approche des élections de 2024.
Pensez-vous qu’à l’intérieur de votre propre parti vous pouvez compter sur le soutien de tous ?
Il y a certainement certaines personnes qui ont un réflexe régionaliste mais pas séparatiste. Ceux qui l’ont quand même, sont depuis dans un autre parti.
Ceux qui ont un reflexe régionaliste le font plutôt dans une perspective libérale pour bien faire fonctionner le pays, pour le faire d’une manière efficace. Ces personnes soutiennent aussi la proposition de donner au gouvernement fédéral un rôle d’arbitre plus fort pour mieux faire fonctionner le pays dans la mesure où l’on respecte l’autonomie des entités fédérées.
Toutes ces résolutions ont été récemment adoptées pendant notre premier congrès « Liberaal Vuur » cela prouve que ces idées sont acceptées chez nous.
Dans votre vision d’une Belgique 2.0, le Sénat serait-il aussi aboli ? Pourquoi voudriez-vous procéder à cela ? Serait-ce aussi une idée pour revaloriser le Sénat , pour contrer un nouvel affaiblissement du système fédéral ?
Le Sénat comme il existe maintenant est inutile. Cela coûte 40 millions d’euros aux contribuables : cela n’a aucun sens. C’est une double administration avec très peu de plus-value, donc pour nous cela n’a pas de sens sous cette forme.
La chose à laquelle nous sommes ouverts en tant que parti est de repenser ce merveilleux bâtiment. Ainsi, on créerait un forum totalement différent. Si nous plaidons pour donner au comité de concertation un rôle d’arbitre et de laisser décider le fédéral, cela pourrait conduire à un nouveau forum, par exemple, un lieu de rencontres pour les membres des entités fédérées et les membres du parlement fédéral. Ce forum pourrait alors exercer un contrôle parlementaire démocratique pour déterminer ce qui pourrait être décidé lors d’un tel comité de concertation. Cela serait possible pour nous.
Nous restons quand même d’avis que pour cela, nous n’avons pas besoin de 200 fonctionnaires. Nous n’avons pas besoin de groupes parlementaires supplémentaires avec les frais et les membres du personnel y afférents. Nous ne pouvons plus accepter ces frais supplémentaire et inutiles.
Lorsque nous parlons de l’abolition du Sénat, nous parlons donc du Sénat dans sa forme actuelle.
Nous voulons principalement supprimer ces frais car ils n’ont pas de sens. Nous voulons que toutes les personnes compétentes qui y travaillent reçoivent une fonction utile dans une autre institution gouvernementale où ils effectueraient bel et bien un travail essentiel.
Nous avons parlé de notre pays, des écueils de notre système fédéral actuel et de vos propositions pour la Belgique 2.0. Mais en ces temps d’inflation importante et de crise grandissante, nous devons aussi oser nous poser la question : à quel point est-ce primordial de mener ces réformes ?
C’est et cela reste prioritaire. Les objections pratiques des gens ce sont les choses que nous devons pourvoir résoudre rapidement mais pour rendre cela possible, nous devons avoir une structure politique performante.
Les gens ont le sentiment qu’aujourd’hui, la politique ne fonctionne plus. Si nous ne rectifions pas cela, alors se passera dans notre pays ce qui s’est passé dans d’autres démocraties. Nous aurons des politiciens populistes, autoritaires qui arriveront au pouvoir et nous perdrons alors encore beaucoup plus. C’est donc une priorité pour chaque démocrate de mettre en œuvre une autre structure politique qui, elle, fonctionne car nous saurons alors nous attaquer aux problèmes des gens de manière efficace. Tout est indubitablement lié.
Ces réformes sont absolument prioritaires. Je comprends bien que d’autres thèmes vont être abordés lors de la campagne électorale. Ceux-ci seront importants aussi. Mais on doit pouvoir reconnaître que notre architecture politique actuelle n’est pas en faveur des personnes avec des ambitions politiques, qui commencent leur carrière politique plein de bonnes intentions. Les gens avec des ambitions politiques se découragent parce qu’on ne peut pas progresser suffisamment. C’est dramatique dans un système démocratique.
Vu que la Constitution ne peut pas être révisée dans cette législature, nous voulons dans un premier temps, mener des discussions avec les autres partis à propos de cette modernisation. Nous voulons trouver un accord là-dessus. C’est pourquoi Stefanie D’Hose est en train d’avoir des entretiens dans le cadre de nos souhaits en ce qui concerne le Sénat aussi bien au sein qu’à l’extérieur de la Vivaldi. Nous espérons arriver à quelque chose pour la fin de cette législature afin que nous puissions indiquer les articles pertinents de la Constitution susceptibles d’être révisés.
Vous êtes vous-même originaire de la région de Gand. Mais si vous deviez choisir une ville wallonne pour élever votre enfant, laquelle choisiriez-vous ?
Je pense que ce serait Liège. C’est pour moi la ville qui ressemble le plus à Gand en Wallonie. Je suis aussi supporter du Standard de Liège. J’y vais donc de temps en temps. C’est aussi une ancienne ville industrielle et une ville estudiantine avec un centre commercial florissant. La fierté et la spécificité de leur identité est assez similaire avec celle de Gand.